Comme
beaucoup, j’ai rencontré Flaubert alors que j’étais en
classe de 1re. Le curé qui nous servait de prof.
de français avait mis tant de réticences à nous parler
des rêves inassouvis d’Emma et de son refus des contraintes
sociales qu’évidemment j’ai voulu en savoir plus !
Je n’ai pas été déçu… du moins lors de ma deuxième
lecture : c’est le livre que j’ai le plus lu dans ma
vie.
Plus
tard, étudiant en Lettres modernes à Brest, j’ai composé
mon Diplôme d’Études Supérieures (DES) sur « la Genèse
de Par les Champs et par
les Grèves », compte-rendu à deux mains du voyage en
Bretagne de Flaubert et Du Camp : j’y ai confronté les
brouillons (déjà !) et les lettres de Flaubert, du moins
ce que j’ai pu en trouver pour tenter de comprendre comment il
écrivait, puisque c’est dans cette œuvre que pour la première
fois il utilise la méthode dite du "gueuloir". J’ai
pu constater à cette occasion que le futur grand Gustave
n’avait pas hésité à s’approprier quelques pages obscures
de devanciers moins célèbres ! Naturellement il leur a
apporté tout son génie ! Ouf ! l’honneur est sauf !
Encore
plus tard, alors que je souhaitais devenir professeur de
lettres, voilà que le tirage au sort m’invite à expliquer à
l’oral … les rêveries d’Emma ! Le jury a aimé,
semble-t-il. Moi aussi !
Bref, j’avais depuis longtemps un grosse dette à l’égard
de Flaubert. Il a beaucoup fait pour moi. Je lui devais bien ça !
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