Flaubert, c’est
d’abord le choc d’une lecture adolescente puis, lors d’études
universitaires dans sa ville, à Rouen, l’admiration grandissante
à mesure que nos professeurs nous en expliquaient les subtilités.
C’est le bourg de
Tôtes, à mi-chemin de cette route si souvent parcourue entre Rouen
et Dieppe : quand on l’a vu on comprend mieux la neurasthénie
d’Emma Bovary !
C’est, à
Croisset, une longue allée (le fameux gueuloir), un pavillon
resté debout au bord de l’eau grise, et un perroquet pathétique
près d’un encrier vide.
C’est, un jour de
mai ensoleillé, une classe en goguette à Ry : la grande rue,
l’église, la rivière, la pharmacie, toutes ces maisons qui se
plaisent à se désigner comme les lieux de vie de personnages qui
n’ont jamais existé. Pouvoir de la littérature.
C’est maintenant,
vu de Marseille chère à son cœur (car c’est là qu’il connut
pour la première fois l’étreinte d’une femme), le géant dont
chaque relecture, chaque nouvelle étude avec des élèves me font découvrir
des prouesses inaperçues.
Comment dès lors hésiter
lorsque la Bibliothèque et l’Université de Rouen proposent ce
magnifique projet, et non pour le réserver à la confidentialité
des 3e cycles universitaires, mais pour l’offrir à
chacun ?
Il y a longtemps
que l’encre a séché dans l’encrier de l’ermite de Croisset.
Mais sous nos regards à tous ont repris vie ses biffures, ses
emballements, ses hésitations. Et voici l’encre encore toute fraîche,
l’œuvre en train de naître, et le Maître un peu plus parmi
nous.
Merci de ce cadeau.
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