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C’est une collègue de mon lycée qui m’a parlé la première fois du travail sur les manuscrits de Madame Bovary. Il ne m’en fallut pas plus pour être immédiatement conquise car Madame Bovary et moi, c’était depuis longtemps une grande histoire !

J’ai découvert ce roman alors que j’étais en classe de première ; je l’ai lu plusieurs fois ; j’ai écouté, fascinée, les cours passionnants de mon professeur de français et j’ai rapidement compris que j’avais là, devant moi le plus grand texte de toute la littérature française : 400 pages d’un « livre sur rien », il ne pouvait y avoir d’équivalent dans la littérature française ! Depuis cette année de première, j’ai bien sûr découvert de nombreux auteurs, dévoré d’innombrables ouvrages, mais je ne crois pas avoir ressenti les émotions qu’a pu susciter en moi Madame Bovary. C’est un texte inépuisable ; et lorsque parfois je l’ouvre pour y relire quelques pages c’est toujours quelque chose d’un peu nouveau qui en émane. Les manuscrits de Flaubert laissés pour ce roman sont un peu à l’image de cette source intarissable.

En proposant à mes élèves de seconde de se pencher sur ces manuscrits j’avais donc là un moyen de leur faire découvrir un roman unique, mais si difficile à donner à lire en classe. En partant du travail accompli par l’écrivain, j’espérais susciter en eux un certain respect et finalement la curiosité d’aller à la découverte du texte final. Je ne sais si cette année-là tous mes élèves ont lu Madame Bovary, mais ils ont tous travaillé avec acharnement à la retranscription du passage qui leur était proposé pour finalement admettre leur étonnement : ils étaient loin d’imaginer qu’écrire un roman pouvait imposer autant de travail et s’apercevaient que leur modeste travail de retranscription était une mince chose face à l’édifice construit par Flaubert.

Ce fut donc une expérience passionnante, mais un peu frustrante aussi ; en effet, les exigences du programme ne m’ont pas toujours laissé le temps d’exploiter cette retranscription autant que je l’aurai souhaité, mais il me semble que pour les élèves un message essentiel est passé : l’écriture d’un roman est une aventure certes passionnante, mais aussi difficile, douloureuse parfois.

J’espère que certains auront fait cette année-là une belle rencontre, qui leur laissera un souvenir impérissable et le désir d’explorer plus avant l’univers de Flaubert.

    Corinne Le Lay habite à Molineuf (Loir-et-Cher).
Elle a transcrit la séquence 76 : Arrivée de Léon, avec une classe du lycée Augustin-Thierry à Blois.