Je
suis professeur de lettres classiques depuis dix ans et certains
diront que mon prénom m'y prédestinait...
Je suis tombée dans la marmite Flaubert en classe de première
grâce à un professeur de français charismatique et à un
solide sens de la dérision. Depuis, l'air de la bêtise cher à
Gustave ne m'a pas quitté, ce qui ne m'empêche pas de souffrir
dans le même temps de bovarysme aggravé...
L'idée de pouvoir frôler le mystère de la création
flaubertienne m'a immédiatement enthousiasmée, je n'avais pas
prévu que Flaubert écrivait comme un "cochon" et que
je ne cesserais d'effacer accidentellement mes fichiers...
Tel Sisyphe rivé à son rocher, j'ai vécu encore et encore la
triste mort de Charles, le triomphe dérisoire d'Homais,
surprise de découvrir à quel point Flaubert avait hésité
quant à la conduite que son héros devait tenir face à
Rodolphe, l'amant velléitaire : se fâcher, se révolter,
pleurer avec lui l'infidèle Emma ?...
Difficile d'imaginer plus grande intimité avec un écrivain et
ses créatures de papier... Parvenue au terme de mon
"martyre" volontaire, je salue mes compagnons de
transcription en regrettant que le roman ne soit pas plus long...
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